Lorsqu’il prend part à la CAN 2019 en Égypte, le Bénin a comme principale ambition de franchir le premier tour, ce qu’il n’a jamais réussi à faire lors de ses trois premières apparitions (2004, 2008 et 2010). Ceux qu’on appelait alors des Écureuils se hisseront jusqu’en quarts de finale. Le Français Michel Dussuyer, alors sélectionneur de l’équipe d’Afrique de l’Ouest, revient sur ce parcours inattendu.
Trois phases finales, un match nul et huit défaites. Tel est le bilan du Bénin, alors que va débuter l’édition 2019 en Égypte. Revenu sur le banc de la sélection en 2018, après un premier passage de 2008 à 2010, Michel Dussuyer a d’abord comme mission de qualifier son équipe.
Des éliminatoires au quart de finale perdu face au Sénégal (0-1), le Cannois raconte ces mois à la tête de cette surprenante formation lors d’une interview accordée à 229foot.
Une qualification à l’arrachée
Nous sommes dans un groupe assez compliqué avec l’Algérie, qui est le favori, le Togo et la Gambie. Quand je reviens au Bénin, je vois que les joueurs qui n’ont pas pu se qualifier pour les CAN précédentes ont vraiment envie d’aller en phase finale.
Je connais certains joueurs, qui étaient déjà là lors de mon premier passage, comme Mickaël Poté, Stéphane Sessegnon ou Junior Salomon. Il y aussi une nouvelle génération, qui est là. On se qualifie avec dix points, un de moins que l’Algérie, que nous battons à Cotonou (1-0), ce qui prouve que le Bénin est capable de bousculer les meilleurs.
C’est grâce à notre parcours à domicile, avec trois victoires, dont la dernière décisive face au Togo (2-1), que nous parvenons à décrocher notre billet.
Premier tour de la CAN : trois nuls suffisants
Le tirage au sort ne nous épargne pas, puisque nous avons comme adversaires le Ghana, le Cameroun et la Guinée-Bissau. Les deux premiers sont les favoris, mais on sait qu’avec l’élargissement à vingt-quatre sélections, on peut passer en faisant partie des meilleurs troisièmes.
Le match nul que nous réalisons pour notre premier match face au Ghana (2-2), grâce à un doublé de Mickaël Poté est intéressant, tant dans le contenu que dans le résultat. Le deuxième match face à la Guinée-Bissau (0-0) me laisse davantage sur ma faim.
On ne trouve pas la solution contre une équipe très défensive, dont l’attitude me surprend alors qu’elle a perdu sa première rencontre face au Cameroun (0-2). Pour le dernier match de la phase de groupes, on sait qu’un match nul contre les Camerounais peut nous suffire.
On l’obtient aux forceps (0-0), car on joue tous les trois jours, il fait chaud et les joueurs commencent à fatiguer. Mais j’aime beaucoup l’état d’esprit de l’équipe. Il y a beaucoup de solidarité, d’engagement, de concentration, et cette qualification est une vraie récompense, car le Bénin n’avait jamais franchi le premier tour.
L’exploit face au Maroc en 8e de finale
Les Marocains font partie des favoris de la CAN. Ils nous donnent l’impression d’être sûrs d’eux, persuadés qu’ils vont nous battre assez facilement. Ils dominent, certes, mais on parvient à se procurer quelques occasions. Comme nous savons qu’ils sont supérieurs, on décide de bien défendre.
Et plus le temps passe, plus on voit que les Marocains s’agacent de ne pas trouver l’ouverture. Et on marque en début de seconde période sur un corner grâce à Moïse Adiléhou. Le Maroc égalise à un quart d’heure de la fin, et on sait alors que nous allons souffrir.
On concède un penalty à la 90e minute, mais Ziyech le manque. Je pense que ça a mis un coup au moral de notre adversaire, et comme nous sommes réduits à dix après l’expulsion de Khaled Adénon, l’objectif est d’atteindre les tirs au but.
Et là, nous faisons preuve d’une grande efficacité, de beaucoup de sang-froid, alors que les Marocains n’en marquent qu’un seul, notre gardien Saturnin Allagbé en sortant un. On s’impose 4-1 aux tirs au but. Mais on dira que le Bénin n’a toujours pas gagné un match, puisque ce résultat est compté comme un match nul…
Le Sénégal casse le rêve béninois
Nous avons eu cinq jours entre le match face au Maroc et le quart de finale contre le Sénégal. Cela nous laisse le temps de récupérer, de bien nous entraîner, et de travailler sur les Lions de la Teranga, qui font partie des prétendants au titre.
Sadio Mané est en forme, il a déjà marqué trois buts dont celui face à l’Ouganda en 8e (1-0), et on sait que nous serons l’outsider. Les Sénégalais ont globalement la maîtrise du jeu, mais nous défendons bien grâce à notre discipline collective, à notre organisation, et nous parvenons à nous procurer quelques occasions.
On tient jusqu’à la 74e minute, quand Idrissa Gueye ouvre le score. A cet instant, je sais qu’il sera difficile de revenir. Les joueurs ont beaucoup donné, et on doit se découvrir pour tenter d’égaliser. Les Sénégalais, avec un peu plus de réalisme, aur-1), auraient pu marquer un ou deux buts supplémentaires.
Leur qualification est logique, et ils iront en finale contre l’Algérie (0-1). Pour nous l’aventure est terminée, mais on repart à Cotonou, où nous recevrons un très bel accueil, avec beaucoup de fierté. J’espère que le Bénin franchira le premier tour lors de la CAN au Maroc, et j’ai vu que des joueurs de 2019 seront là.




