Suite à deux défaites consécutives dans la Zone AB de la Ligue Pro, le Dynamo FC de Parakou est actuellement en difficulté. En plus de cette crise de résultats, le club doit également relever un nouveau défi : le jeûne musulman, pratiqué par 90% de ses joueurs en plein milieu de la compétition.
Dans cet article, 229foot vous propose de découvrir comment Dynamo FC compte relever ce défi sans compromettre ses chances de maintien dans l’élite du football béninois.
À 11h, au stade municipal de Parakou, sous un chaud soleil, les joueurs du Dynamo de Parakou s’entraînent en préparation de la troisième journée de la Ligue Pro Suite après avoir perdu les deux premières. Malgré la montée de pression pour éviter la relégation en troisième division, 90% des joueurs de Dynamo FC, tous musulmans, ont entamé le jeûne depuis le 11 mars dernier.
Pour eux, concilier leur engagement religieux avec leurs responsabilités sportives est une question d’équilibre délicat mais indispensable.
« En tant que croyant, ça fait partie des piliers de notre islam. Et depuis l’enfance, on nous a toujours appris qu’islamiquement, ce n’est pas conseillé de laisser le jeûne pour notre football. Donc, on s’est préparés psychologiquement et on essaie de se ménager pour faire face à ça » confie Mouhamed Moussa, l’un des cadres de cette équipe de Dynamo FC.
« Ce n’est pas la première fois pour nous. Chaque année, on fait le championnat, le jeûne arrive et on fait avec, parce qu’on nous a dit que si tu es en forme et tu ne fais le jeûne, ce n’est pas bon» renchérit Moussa Tikandé, le pilier de la défense du club.
Diminuer l’intensité du travail, pas de jeûne le jour du match
Le coach du Dynamo FC, sur conscient des enjeux sportifs et religieux, a pris des dispositions spéciales pour soutenir ses joueurs pendant cette période jeûne. Même s’il n’a pas ajusté les horaires d’entraînement en raison de l’indisponibilité du stade municipal de Parakou, Bello Madjid a pris la résolution de réduire le rythme de certains exercices .
Vous êtes obligés de diminuer l’intensité du travail, de réduire le temps des conditions physiques. Donc, on essaie de gérer, avoue-t-il non sans peine. On est conscient que cela a un impact négatif sur le rendement au cours des matches. Parce qu’on est obligé de rencontrer certaines équipes qui comptent très peu de joueurs de confession musulmane comme Hodio, notre adversaire du weekend ajoute-t-il.
Alors que la Ligue Pro Suite se poursuit pour les joueurs de Dynamo avec un déplacement difficile ce weekend face à Hodio, leur dévotion religieuse continue de guider leurs actions, même dans les moments les plus difficiles.
Les dirigeants nous ont dit de s’abstenir de jeûner le jour de match. Mais on est habitués et on va relever le défi Inchallah, a laissé entendre Moussa Tikandé.
Avec leur nombre, on ne peut pas leur refuser de ne pas jeûner sur toute la période. Mais, on essaie avec la sensibilisation de trouver un compromis. La veille et le jour du match, on leur demande de s’abstenir du jeûne »renchérit le coach Bello Madjid.
Faire des sacrifices pour obtenir le résultat
Est-il acceptable de s’abstenir du jeûne pour relever un défi d’intérêt général, tel que la performance d’une équipe de football en championnat ? Selon cet islamologue rencontré à Parakou, la religion offre des principes de flexibilité et de compréhension dans des situations exceptionnelles, où l’intérêt général d’une communauté est en jeu.
Quand c’est pour un défi d’intérêt général, on peut se passer du jeûne et le rattraper plus tard. Dans le cas du sport, les équipes voyagent très souvent, or, les livres interdisent le jeûne aux voyageurs. Alors, on peut en déduire que les sportifs peuvent s’abstenir du jeûne pendant le voyage ou même dans le cadre où il faut relever un défi d’intérêt général.
Parce que le rendement d’un sportif à jeun peut ne pas être à la hauteur surtout quand l’adversaire a la possibilité de se désaltérer et se donner ainsi une force supplémentaire. Mais, si le joueur se sent la capacité de tenir le jeûne pendant le match, il peut y aller , enseigne Alfa Mouhamed Soualiou Sylla, prédicateur à Parakou.
Dynamo FC de Parakou se retrouve donc face à un dilemme unique, où la foi et le sport se rencontrent sur le terrain de la compétition. C’est dans ce contexte que le club doit se battre pour éviter la relégation en troisième division. C’est pourquoi le coach Bello Madjid souligne l’importance de convaincre davantage les joueurs.
Il faut essayer d’expliquer aux joueurs que l’enjeu est grand. Donc, ils doivent faire des sacrifices pour qu’on obtienne le résultat: confie le coach.
Et il peut compter sur son attaquant Mouhamed Moussa :
Certes, on a fait un mauvais début mais ce qui est sûr, nous avons confiance en nous. Et nous savons que nous allons remonter la pente.
Ce samedi, Dynamo de Parakou se déplace à Comè pour défier Hodio FC dans le cadre de la troisième journée de la Ligue Pro Suite. Objectif, gagner pour sortir de la zone rouge.